Un bassin parisien
Le moment est venu de vous en dire plus sur mon projet de bassin, qui a bien avancé.
Sur Internet et dans ma bibliothèque municipale, je me suis renseigné sur la possibilité d'exaucer ce rêve que caressaient mes enfants: avoir des poissons rouges, mais attention, pas dans un bocal car ils savaient que cela ne leur réussirait pas, mais dans les meilleures conditions possibles pour leur épanouissement, en extérieur dans un vrai bassin planté.
Deux types de contraintes devaient donc être prises en compte:
- celles du milieu environnant: le peu de place disponible sur un balcon haussmannien - mais depuis le temps que je vous en parle, cela ne vous aura pas échappé -, une limite de poids à ne pas dépasser, et la nécessité d'offrir les meilleures conditions en termes d'ensoleillement et de températures à nos futurs hôtes à nageoires;
- la régulation interne du futur bassin: il fallait s'assurer que l'oxygénation de l'eau soit suffisante, sans la possibilité de recourir à une pompe électrique, puisque mon balcon ne dispose d'aucune prise.
Après de multiples recherches, j'ai trouvé un bac noir en fibre de verre (pour la légèreté et la résistance au gel) de 100 cm x 32 cm x 50 cm. Des dimensions idéales: respect de l'étroitesse du balcon, profondeur acceptable (importante au cas où de la glace se formerait en surface en plein hiver) et volume suffisant (136 litres sur le papier, sachant qu'il faut prévoir 50 l par poisson rouge).
Après avoir soigneusement nettoyé le bac, rempli de poussières et sans doute d'apprêts chimiques, il m'a fallu trouver une solution d'étanchéité puisqu'il était percé - j'avais bien repéré d'autres bacs non troués mais leur allure ou leurs dimensions ne convenaient pas. J'ai d'abord essayé d'installer une toile plastique: la difficulté était de la fixer contre les parois de manière esthétique, ce que j'ai bien tenté avec un adhésif double face mais les plis de la toile et le poids de l'eau m'ont démontré que cette solution n'était pas viable.
Je suis donc passé à l'utilisation d'un mastic silicone translucide pour boucher les trous, non sans avoir pris soin d'appliquer une toile aluminium (utilisée pour les toitures) adhésive sur le dessous du bac.
Après séchage, et bien qu'ayant hésité avec du gravier de quartz blanc, qui aurait apporté de la clarté, j'ai opté pour de la pouzzolane au fond du bac. Pourquoi? Parce que j'ai lu qu'elle contribuait à contribuait à la pureté de l'eau, en limitant l'envasement d'un bassin.
J'ai rempli le bac avec de l'eau du robinet. L'eau de Paris étant très calcaire, j'ai décidé qu'en cas d'évaporation- nous étions encore en août -, je rétablirai son niveau avec de l'eau de pluie ou de l'eau déminéralisée.
J'ai attendu près d'une semaine avant d'installer des plantes, dans des paniers aquatiques ajourés, tapissés de toile de jute:
- deux plantes immergées: une élodée, un Eleocharis Acicularis;
- des plantes semi-immergées (plantées sous l'eau, mais avec des parties aériennes) une Pontederia Cordata, un Nymphaea Pygmea Helvola, nénuphar nain de floraison blanc crème, idéal pour les mini-bassins et un Eleocharis Palustris.
Là encore, il a fallu laisser passer du temps, trois semaines environ, pour laisser à ces nouvelles venues le temps de s'installer. L'objectif étant qu'elles soient suffisamment fortes pour affronter la voracité des poissons. Il fallait aussi que le milieu aquatique ainsi constitué ait atteint une forme d'équilibre.
Pour garantir l'oxygénation de l'eau, j'ai recouru à une mini-pompe solaire avec jet d'eau, que j'ai pu trouver en solde. Voici ce que cela donnait:
Est alors venu le temps d'installer les poissons. Etant donné le volume d'eau disponible, j'ai pris le parti de n'en mettre que deux, des Sarasa: je n'ai pas trouvé de poissons rouges communs mais j'ai eu l'assurance que cette variété pourrait résister au froid hivernal. Elle ne diffère du poisson rouge commun que par des nageoires un peu plus longues. Je n'ai pas vraiment pas de point de comparaison, mais j'ai l'impression que les Sarasa sont plus vifs et plus rapides dans leurs déplacements que l'espèce-type.
Pour les installer, il a fallu respecter un temps d'acclimatation en laissant flotter leur sac pendant une demi-heure sur la surface du bassin, afin qu'ils ne subissent pas de choc thermique.
Lorsque je les ai lâchés - délicatement- dans le bac, leur premier réflexe a été de gober de façon méthodique toutes les larves de moustique qui y avaient élu domicile: un vrai jeu de pacman!
Très vite, nos deux nouveaux hôtes ont montré des physionomies et des tempéraments bien différents:
Le rouge et blanc - que j'ai baptisé Bibim - est dodu comme une gamba, dont il a aussi les couleurs) tandis que le jaune doré, Bap, sans doute plus jeune, est passablement efflanqué, avec une tête évoquant l'hippocampe ou le tétard. Le premier se déplace avec circonspection, sauf quand il poursuit le second, qu'il semble vouloir dominer, mais qui heureusement est vif comme l'éclair, plus émotif sans doute.
A présent, ils ont vraiment pris leurs aises et évoluent gracieusement dans le bassin ... quand ils ne jouent pas à cache-cache derrière les plantes ou sous les pots!